Après son abandon du Vendée Globe survenu samedi à l’Est des Iles Malouines au large de l’Argentine, et l’abattement bien compréhensible qui en a découlé, Isabelle Joschke et le team MACSF se sont très vite remobilisés. Dans les heures qui ont suivi, une course contre la montre s’est engagée pour assurer la sécurité de la navigatrice obligée de poursuivre sa route dans des conditions de mer très difficiles (5 à 6 mètres de houle, plus de 40 nœuds de vent), conditions rendues encore plus dangereuses par la perte de contrôle de la quille de son IMOCA.

La nuit de dimanche à lundi a d’ailleurs été très éprouvante : la skipper, qui s’est employée à étanchéifier la voie d’eau apparue à bord, a vécu une grosse frayeur lorsque son bateau est parti au tas et s’est couché sur l’eau. Sa vigilance durant ces dernières 48 heures ainsi que l’assistance technique fournie par son équipe à terre lui ont permis de s’extirper de la dépression australe pour progresser à présent dans une mer plus clémente en direction des côtes brésiliennes. D’ici une douzaine de jours peut-être, Isabelle Joschke devrait accoster dans un port du géant d’Amérique du Sud qui reste encore à déterminer. 

La priorité : garantir la sécurité d’Isabelle
Le team MACSF dirigé par Alain Gautier n’a pas eu le temps de souffler, ni de s’apitoyer sur le mauvais sort qui a fait voler en éclats les espoirs de sa skipper sur ce tour du monde. Dès l’annonce de son retrait, l’équipe a travaillé d’arrache-pied pour minimiser les risques à bord d’un bateau devenu instable et moins maniable.

« Il a fallu se remobiliser tout de suite pour qu’Isabelle se sente en sécurité et entourée. Par moment, il y a bien un petit sentiment d’impuissance car on est loin d’elle. Cest elle qui se trouve au cœur de laction pour gérer au mieux cette situation. Avec l’équipe à terre, on peut juste lui apporter notre support technique, Florian Giffrain (le boat captain) et moi travaillons sur tous ces aspects. On essaie de penser à tout pour l’aider du mieux possible. Pour le moral, Cécile Poujol lui apporte un soutien permanent et on sait à quel point c’est important. », raconte le team manager Alain Gautier.

De l’assistance sur le routage et sur les réglages
Depuis la perte de sa quille, Isabelle Joschke est contrainte de naviguer autrement sur son IMOCA qui ne réagit plus de la même manière. L’équipe technique est intervenue pour l’aider à choisir la meilleure route à suivre et déterminer les vitesses les mieux adaptées. Elle bénéficie également de l’aide précieuse de Christian Dumard, consultant météo auprès de la direction de course du Vendée Globe.

« Isabelle a ses routages mais il a été nécessaire de les retravailler par rapport au potentiel du bateau qui s’est considérablement dégradé. Le plus compliqué était de déterminer à quelle vitesse elle peut avancer et suivant quelle force et quelle direction de vent. La question de l’état de la mer constituait aussi un gros problème jusqu’à lundi. C’est tout un ensemble de paramètres qu’il faut essayer de combiner pour lui proposer la meilleure option possible. Pour la vitesse par exemple, il faut réussir à trouver le bon dosage : Isabelle a besoin d’avoir du dynamisme pour pouvoir contrôler le bateau et ne pas se retrouver à la merci des vagues mais même temps on doit faire avancer le bateau sans prendre de risques. Depuis qu’elle n’a plus de quille, elle n’a connu qu’un seul vrac, ce qui est déjà une performance en soi. Sur le coup elle s’est blessée à la main. Au cours des deux derniers jours, elle a su faire preuve d’une grande lucidité. Maintenant la situation s’est améliorée, les risques de retrouver une mer chaotique s’éloignent. Cependant la vigilance doit rester de mise car il faut gérer l’instabilité du vent qui pourrait causer des problèmes », décrypte Alain Gautier.

Un port de repli probablement au Brésil
Mardi vers 13h heures françaises, Isabelle Joschke se trouvait à 1 750 milles de Salvador de Bahia. D’ici une dizaine de jours, la navigatrice franco-allemande pourrait accoster dans un port brésilien dont le choix n’a pas encore été arrêté.

« Isabelle va désormais devoir se montrer patiente. Elle traverse en ce moment une zone sans vent. Elle devrait accoster au Brésil plus certainement qu’en Afrique du Sud, même si aujourd’hui la question n’est pas complètement tranchée. Cependant la pointe du continent africain paraît loin et comporte des risques. Le port pourrait être Itajai, Rio de Janeiro ou Salvador de Bahia. L’objectif est qu’elle gagne le nord le plus vite possible pour trouver un flux d’alizés d’Est qui circulent sur la latitude 25-26 Sud. On est en train de mettre en place des solutions d’arrivée pour avoir une équipe prête à l’accueillir. Pour la suite, réparer le bateau sur place pour qu’il revienne en France par la mer ou charger l’IMOCA MACSF sur un cargo, pour l’instant rien n’a encore été décidé mais nous anticipons toutes les solutions pour être le plus efficace possible sur zone », révèle Alain Gautier.

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