Ne rien abandonner .. repartir !

« Je vais bien. Moralement, ça va comme un projet qui s’arrête : un sentiment d’inachevé qui n’est pas très agréable, mais l’essentiel c’est d’être là avec l’envie de continuer, plein d’idées, plein d’envies… » , résume Yves le Blévec.

Huit jours après son chavirage au large du Cap Horn, Yves le Blevec et Samuel Tual, président du Groupe Actual font le point sur cette tentative de tour du monde à l’envers qui s’est terminée trop tôt : le bilan est extrêmement riche humainement et l’envie de repartir est palpable.

Samuel Tual, président du Groupe Actual : Il est un peu tôt pour savoir si et comment nous pourrons repartir sur un nouveau défi. Nous venons de traverser une période compliquée, chargée en émotions. Nous avons eu peur pour Yves. Quand, à 5h du matin on est réveillé et que l’on apprend que les deux balises ont été décl enchées et que l’on est sans nouvelle, on est très inquiet. Après la question du sauvetage, parfaitement gérée par le team, nous sommes maintenant dans la troisième phase, celle de la récupération du bateau. Il est trop tôt pour se projeter dans l’avenir. »

L’émotion est en effet encore bel et bien présente au sein du team et des collaborateurs du Groupe Actual. De retour en France en milieu de semaine, Yves a retrouvé ses proches, son équipe, et il a pu, hier, échanger avec les salariés Actual. L’occasion de revenir sur les conditions de son chavirage.

Je n’ai pas fait d’erreur

Yves le Blevec : « Nous étions à un passage stratégique de notre tour du monde, le plus compliqué. Les conditions étaient conformes aux prévisions. Dès le cap Horn franchi, le vent est rentré fort (30 à 40 – 50 nœuds). J’avais adapté la voilure d’Actual à ces conditions, il y avait des creux de 5 mètres, c’était des conditions normales.

Le bateau est retombé dans une vague, ça a fait un sale bruit, puis d’autres bruits de composite qui lâche et j’ai senti le bateau gîter de façon anormale : j’ai tout de suite compris qu’il y avait une casse majeure.

Je n‘ai pas fait d’erreur. Je n’ai rien à me reprocher. Le bateau n’aurait pas dû se casser. Je n’ai pas tiré dessus, je n’ai pas fait de bêtise. Depuis le départ de la Trinité-sur-mer, j’ai toujours mené le bateau de façon sécuritaire. C’était même parfois difficile de mettre le frein ! La priorité a toujours été de tenir dans la durée et non rechercher des records de vitesse. Je n’étais, sauf conditions ‘’safe’’ (mer plate, vent maniable) jamais à 100% du potentiel du bateau. »

J’assume pleinement

« Nous savions que ce défi était exceptionnel, qu’il serait difficile à relever, qu’il y avait une part de risque, maîtrisé. » Samuel Tual Samuel Tual : « Nous savions que ce défi était exceptionnel, qu’il serait difficile à relever, qu’il y avait une part de risque, maîtrisé. J’assume pleinement la responsabilité du choix de ce défi et de la situation actuelle. Dans l’entreprise, nous portons des valeurs humanistes, mais aussi d’innovation et d’excellence. Ce projet incarnait tout cela. Yves est un marin exceptionnel, il l’a encore prouvé dans cet épisode difficile. Son engagement, il l’a montré. Le côté humain a été très fort dans cette aventure innovante, expérimentale : nous sommes allés sur des terrains de jeux que d’autres n’osent investir. C’est l’ADN de notre Groupe. »

 

© REGARDS PHOTOGRAPHES LAVAL@Récupération difficile

Le team Actual est à pied d’œuvre depuis une semaine pour trouver un moyen de remorquer le trimaran, mais cette zone de navigation particulièrement hostile est logiquement peu fréquentée. L’Ultim est toujours à la latitude du Cap Horn, il dérive à petite vitesse vers l’est, en Atlantique.

« Il n’y a pas de trafic commercial, pas de plateforme pétrolière, pas de gros bateau qui pourrait intervenir… A proximité des côtes, il y a des bateaux touristiques, mais c’est la pleine saison, ils sont tous très occupés. Nous avons des pistes, malgré tout, mais nous ne nous lancerons pas dans des opérations qui pourraient être risquées humainement et matériellement » , précise Yves le Blevec.

 

On ne peut pas rester sur un échec

Lorsque cette phase de récupération sera terminée, il sera alors temps de se tourner vers l’avenir : « Il faut rebondir, considérer cela comme une expérience qui devrait nous faire grandir

Il y a une envie réelle, forte, parce qu’on ne peut pas rester sur un échec. Il faut cependant corréler cela avec le projet d’entreprise, qui a un projet assez ambitieux pour 2018. Il y a des considérations matérielles et financières à intégrer à cette opération qui nécessitent de sortir de la période d’émotion dans laquelle nous sommes, de façon à poser les choses à plat pour pouvoir nous projeter sur l’avenir. Nous allons réfléchir à tout cela en début d’année prochaine » , conclut le président du Groupe Actual.

Trois semaines de défi

 

Ultim ACTUAL - Skipper : Yves le Blevec - D�part de la tentative de record du tour du monde � la voile en solitaire � l'envers (d'Est en Ouest) - le 4 novembre 2017 - Belle Ile en mer - Pointe des Poulains © Beno&#238t Stichelbaut3 nov. premier « code vert »

« La fenêtre météo est étroite, mais correcte », commente Christian Dumard, routeur du Team Actual. Yves le Blevec s’élancera demain après-midi sur son tour du monde à l’envers, dans un flux de nord-ouest soutenu. En stand-by depuis trois semaines, et après deux « codes orange » , le feu est bel et bien passé au vert pour le trinitain.

 

4 nov. le départ, respect et admiration

Ce matin, sur le ponton course de la Trinité-sur-mer, le public était au rendez-vous pour encourager le skipper Actual et le saluer avant son départ vers le grand large ainsi que Samuel Tual, PDG du Groupe Actual : « Je veux remercier Yves de nous avoir proposé ce défi. Merci pour ce qu’il va nous faire vivre. Je souhaite aussi remercier Sandrine qui lui permet de partir. Merci à tout le Team : la course en solitaire c’est l’exploit d’un individu, mais si on peut partir aujourd’hui c’est grâce à un gros travail collectif. »

Thomas Coville, ex-skipper de l’Ultim Actual et détenteur du record du tour du monde (à l’endroit) lui a adressé un texto hier : « je ne voulais pas te dire bonne chance ni éclate-toi parce que le parcours va être trop difficile pour ça. Si tu as besoin de moi, je suis là. »

 

7 nov. le retour  

Yves Le Blevec est arrivé vers 8h ce mardi matin à la Trinité-sur-mer pour réparer son chariot d’écoute de grand-voile. Quelques heures après son départ, le skipper Actual a très vite identifié le défaut d’une pièce custom. Un souci irréparable seul à bord, mais qui devrait être vite réglé par son équipe… afin d’envisager un nouveau départ dans les jours à venir.

 

24 nov. 2e départ

A 16 heures 55 minutes et 28 secondes, Yves le Blevec coupait la ligne de départ de son parcours autour du monde à l’envers, en solitaire, en Ultim. Une première.

Le skipper Actual avait salué les proches et les journalistes venus sur le ponton course de la Trinité-sur-mer quelques heures plus tôt. Les yeux chargés d’envie, il avait du mal à cacher son impatience à prendre le large. « C’est chargé en émotions, il y a forcément un petit vertige, mais il y a aussi beaucoup d’excitations : je suis vraiment content de partir. »

 

30 nov. le cap vert

Parti il y a 6 jours de la Trinité-sur-mer sur son tour du monde à l’envers, Yves le Blevec est en passe ce jeudi de doubler le Cap Vert. Les conditions météo, toniques et instables les quatre premiers jours, sont désormais beaucoup plus clémentes. « C’est vraiment agréable de pouvoir prendre mon rythme et m’approprier pleinement le bateau (et ce défi) dans de telles conditions » , confiait Yves.

2 dec.  L’équateur en 9 jours

Yves est en approche de l’Equateur qu’il devrait franchir demain matin. Il fait chaud, très chaud même, à bord de l’Ultim Actual, les vitesses moyennes restent supérieures à celles estimées par les routages. Les conditions météo restent relativement clémentes grâce à un pot au noir très peu actif, mais Yves reste très vigilant : la zone est capricieuse et il la connaît suffisamment bien pour savoir qu’il faut s’en méfier.

 

4 dec. Transitions en pagailles à venir

A plus de 20 nœuds, sur une belle route sud-ouest, Yves trace vers les côtes brésiliennes dans une brise modérée de 13 à 14 nœuds. « Le bateau est rapide, malgré une mer assez formée. Je me fais pas mal secouer, mais ça avance bien et sur la route » , se réjouissait ce matin le skipper Actual. A partir de mercredi, en revanche, la donne va changer sensiblement …

 

6 dec. Savoir freiner

Yves négocie ce mercredi matin sa première dépression brésilienne : « Il y a eu une bascule assez radicale, le vent a pris 90°, mais c’était attendu, la manœuvre était préparée. Là, j’ai 36h de reaching (vent de 3/4 arrière) devant moi avant les prochaines transitions. »

 

8 dec. A rebrousse dépression

« Yves est entré dans le vif du sujet » , résume son routeur Christian Dumard. Le long des côtes sud-américaines, le skipper Actual, engagé depuis près de deux semaines sur sa tentative de tour du monde à l’envers en Ultim, négocie, depuis deux jours, un système dépressionnaire par jour. Une situation tendue qu’Yves commence à bien maîtriser.

 

10 dec. Dans les 40e !

Yves est depuis cette nuit dans les 40°, la porte d’entrée du grand sud… « Ça commence à se refroidir, j’ai vu mes premiers grands albatros ! » , racontait-il ce matin. Une entrée dans les « rugissants » un peu compliquée puisqu’elle a été marquée par la casse de son écoute de grand-voile.

 

11 dec. Temporisation

Un front actif se forme sur la route de l’Ultim Actual, Yves est donc contraint de temporiser un peu. Il a poursuivi sa route ouest un peu plus que prévu cette nuit et s’est mis à la cape ce matin, à proximité des côtes argentines.

 

12 dec : Ça sent le Horn !

La première grosse barrière, l’un des écueils majeurs si ce n’est l’écueil majeur, de ce tour du monde à l’envers, approche. Dans 48h, Yves devrait avoir doublé le Cap Horn d’est en ouest, en multicoque. Son premier Horn en solitaire.

A Â© © Armada de Chileprès avoir négocié sa 5e dépression le long des côtes sud-américaines, le skipper Actual bénéficie d’une solide mise en jambe pour aborder ce cap exceptionnel : 30 à 40 nœuds de face et 5 à 6 m de creux au programme…

 

14 dec. Chavirage de l’Ultim Actual au large du Cap Horn

A 4h21, ce jeudi matin, Yves le Blevec déclenchait sa première balise de détresse. 40’ plus tard, il actionnait sa 2e balise, confirmant la gravité de la situation. Le CROSS a immédiatement alerté le MRCC Chilien, organisme en charge de la sécurité en mer pour cette zone. Yves va bien, il est en sécurité à l’intérieur de son bateau et en lien avec son équipe à terre. Quelques heures plus tard l’Armada de Chile organise les secours, Yves est hélitreuillé par une équipe de secouristes. Sain et sauf il rejoint le Chili.

 

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