Ce mercredi 19 novembre à 20h 34′ 37 », Yannick Bestaven a franchi la ligne d’arrivée de la dixième Route du Rhum-Destination Guadeloupe en quatrième position au sein de la Class40 qui rassemblait 43 solitaires au départ de Saint-Malo le 2 novembre dernier. Le skipper de Le Conservateur a mis 17 jours 06 heures 34 minutes et 37 secondes pour boucler les 3 542 milles entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre à la vitesse moyenne de 8,54 nœuds. Mais il a en réalité parcouru 4 448 milles à 10,73 nœuds de moyenne. Pour autant, Yannick Bestaven n’est pour l’instant pas classé officiellement puisqu’il faut attendre que les 24 heures de pénalité (que le Jury lui a octroyé suite à son abordage avec la Sud-Africaine Philippa Hutton-Squire lors de la première nuit de course), s’écoulent afin de connaître son classement définitif.C’est avec le dernier numéro attribué par la Class40 (n°142) que Yannick Bestaven s’est présenté sur la ligne de départ à Saint-Malo, avec le tout dernier plan de l’architecte Guillaume Verdier construit à Saint-Malo par la société de Servane Escoffier et Louis Burton, BG Race. Un Class40 qui a certes manqué de préparation, mais qui s’est avéré extrêmement polyvalent et rapide dans toutes les conditions de vent rencontrées sur cette dixième édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe.
Coup dur pour le kipper Yannick Bestaven du Class40 Le Conservateur : un jury sévère lui inflige une pénalité de temps |
Non manœuvrant Yannick n’a rien pu faireAlors que Yannick pointait en 4e position après un beau départ au large de Saint-Malo, vers 02h00 du matin, la rupture du laching de trinquette (pièce qui maintientla voile d’avant en hauteur) l’oblige à modifier sa route pour pourvoir aller manœuvrer sur le pont avant. Naviguant au près pour sortir de la Manche, Yannick a du abattre (s’écarter de l’axe du vent) pour déventer sa voile d’avant qu’il lui était impossible d’enrouler ou d’affaler par 35 à 40 nœuds de vent et des creux de 4 à 5m. Pendant un long moment, Yannick a donc navigué au portant bâbord amures sur une trajectoire opposée à la route, poussé par des vents forts et violents, dans une situation précaire rendant le bateau non manœuvrant.
C’est durant cette manœuvre délicate alors que le skipper rochelais se battait avec sa voile sur le pont avant de son bateau que le Class40 SWISH de la Sud-AfricainePhillippa Hutton, naviguant au près bâbord amures a percuté de plein fouet le côté droite du bateau LE CONSERVATEUR vers 2h45. La collision n’a pu être évitée par la jeune femme malgré les hurlements de Yannick pour attirer l’attention du skipper de SWISH. Dans le choc, LE CONSERVATEUR a été sérieusement abimé avec la cadène de hauban tribord fendue, un chandelier arraché avec sa filière, le balcon arrière détaché et tordu en partie et surtout des blessures importantes subies par un Yannick totalement sonné (blessure sous l’œil et une vilaine entaille sous le majeur gauche).
Après avoir réussi à écarter les deux coques et remis LE CONSERVATEUR dans la bonne direction, Yannick, alors relégué à la 26e place, a failli abandonner inquiet pour son bateau qui aurait pu démâter. Étant sérieusement blessé, il a pu consulter le médecin de la course Jean-Yves Chauve qui lui a préconisé des soins. Au petit matin, il a pu faire un état des lieux sur le pont, en surveillant la fissure sur la cadène tribord qui prenait l’eau.
Un jury international intransigeant
Comme pour toutes les compétitions de voile, un jury international est constitué pour juger toutes fautes pouvant être commises par les concurrents. Ainsi la collision survenue il y a plus de 12 jours maintenant est soumise à l’application rigoureuse des règles de course. Étant donné les dégâts importants qu’on subit les deux Class40, notamment pour Philippa Hutton, qui a dû abandonner suite à une avarie survenue sur son mât, le jury a réclamé contre les deux concurrents comme le prévoit le règlement. Les membres du jury ont souhaité statuer très vite. Une procédure d’instruction a donc été mise en place dans la journée de samedi 15 novembre afin de comprendre le déroulé de l’incident et d’identifier le ou les responsables pour ensuite prendre une décision définitive sur une pénalité éventuelle ou non à attribuer.
Une réunion téléphonique a été organisée dans la soirée de samedi par le jury international, en relation avec le skipper Philippa Hutton et le représentant de Yannick Bestaven (encore en mer) Marc Bouet. Après 45 mn d’audition, chacunexposant les faits vus de leur position, le jury a rendu son verdict vers 21H (heure française).
La pénalité a été imposée à Yannick pour la raison principale qu’il était au vent bâbord amures du bateau de Philippa Hutton et qu’il aurait dû s’en écarter et cela même si Yannick était dans une manœuvre périlleuse pour récupérer sa voile d’avant qui menaçait de tout casser. Le jury a appliqué de manière stricte les règles du RIPAM (Règle Internationale pour Prévenir des Abordages en Mer).
Un coup dur pour Yannick qui à bord du monocoque LE CONSERVATEUR ne cessait d’impressionner avec sa formidable remontée (reparti 30e suite à l’incident et qui en a peine 72 heures était revenu aux avants postes.) Pour autant cela n’enlève rien à sa magnifique performance en course ! Ce qui comptera sera le résultat sur le terrain de jeu, la mer et non sur le tapis vert.
Yannick Bestaven, à bord du Class 40 LE CONSERVATEUR, est arrivé à Pointe-à-Pitre dans l’après-midi de mercredi 19 novembre (heure locale). Compte tenu de la durée de la pénalité, son temps de pénalité sera additionné après le passage de la ligne d’arrivée. |