« C’est extraordinaire d’être là et d’apprendre des choses sur soi. C’est un beau cadeau, c’est ce que je suis venu chercher. Je suis déjà super heureux de mon Vendée Globe. » racontait Eric Bellion (CommeUnSeulHomme), 18e, à la vacation ce matin. Et pourtant… combien de galères, combien de stress dans ce morne horizon du grand Sud ! Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean), 22e, ruse plusieurs fois par jour pour mettre en route son moteur source d’énergie, Eric Bellion vient de passer une nuit épouvantable par 60 nœuds de vent dans des vagues hautes comme des immeubles à réparer un de ses hydro générateurs, Romain Attanasio, 21e, depuis son stop à Simon’s Bay, prie pour que ses safrans tiennent la route… jusqu’aux Sables d’Olonne. Malgré tout, le bonheur est là : « Je suis un miraculé. Il y a une semaine j’étais au fond du trou. Etre à nouveau en course, c’est top ! » confiait Romain ce midi au Vendée Live.
Entre compétition et bricolage
Pieter Heerema (No Way Back), 19e, sur son foiler qu’il découvre chaque jour, commence à reprendre confiance. Ses problèmes de pilotes automatiques et les trous dans sa grand-voile l’ont fait douter sur sa capacité à continuer la longue route. Maintes fois, il a pensé jeter l’éponge. Désormais Pieter est en grande forme ! Ca se passe comme ça sur un Vendée Globe. Les skippers ont rêvé de ce tour du monde en solitaire, même si, seul en mer, isolé de tout, il y a quelque chose d’inhumain.
« Devant la puissance des océans nous ne sommes que des Playmobils sur un bout de carbone flottant » résume parfaitement Alan Roura (La Fabrique), 16e au classement. Que dire de Fabrice Amedeo (Newrest-Matmut), 14e, qui a subi cet après-midi une avarie de grand-voile suite aux grosses conditions rencontrées ces dernières heures !
Bilan : grand-voile déchirée sur 3 mètres. La compétition est souvent mise de côté pour sauvegarder les bateaux.
Ne présager de rien, même en tête de flotte
« C’est un peu frustrant ce Pacifique après une traversée rapide de l’Indien. Je progresse actuellement au près et je n’ai rien pour m’empêcher de dériver. C’est frustrant, mais cela pourrait être pire. » Alex Thomson, 2eme sur Hugo Boss à presque 400 milles d’Armel, vit des heures pénibles, mais reste philosophe. Pénalisé par son foil tribord cassé, il peine encore dans les petits airs. Rageant quand on a mené la course 13 jours et quinze heures durant (12 au 26 novembre) ! N’empêche, même le plus expérimenté des compétiteurs, comme Jérémie Beyou (Maître CoQ), 3e, sait bien que personne n’est à l’abri d’une avarie. « Chaque problème résolu est une petite victoire. Etre troisième, c’est le résultat de plein de petites victoires. Avec tout ça, j’étais quand même à deux doigts de l’abandon définitif. »
Les messages du bord
Alan Roura, La Fabrique
« J’ai quand même pu trouver cinq minutes ce matin pour me faire un café, ça faisait deux jours que je ne pouvais plus rien faire à l’intérieur. Je mange froid, je ne me lave pas les dents de peur de m’en péter une sur un saut de vague. J’ai mal au crâne à cause de la fatigue et des chocs du bateau. Les images ne donnent rien, j’aurais vraiment aimé vous montrer ce moment : la puissance de l’océan, que nous ne sommes vraiment que des Playmobil sur un bout de carbone flottant. »
Fabrice Amédéo, Newrest-Matmut
« J’ai eu jusqu’à 50 nœuds cette nuit avec une mer très forte. Quand le vent a commencé à flirter avec les 45 nœuds, j’ai voulu passer sous J3 et affaler la grand-voile. Dans la manœuvre, une poche d’eau s’est formée et la voile est venue frotter contre le roof. Elle s’est déchirée sur trois mètres, de haut en bas. Je vais me traîner un peu pendant quelques jours, jusqu’à ce que les conditions se calment et que je puisse intervenir. C’est un peu frustrant de voir que les milles ne défilent pas très vite ».
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