L’avenir du saumon dans nos rivières et océans est-il compromis ?


Poisson migrateur emblématique de la qualité des cours d’eau et des océans, le saumon atlantique est une espèce en déclin en France et dans tout l’Atlantique Nord.
La 31ème Assemblée Générale de l ’OCSAN (Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord) organisée avec l’appui de l’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques) se tient en ce moment à Saint-Malo jusqu’au 6 juin 2014.

Une occasion pour faire le point sur la situation du saumon Atlantique et sur les mesures de gestion mises en œuvre pour la conservation et la restauration des stocks.

Sans doute le plus emblématique des migrateurs amphihalins, le saumon atlantique peut parcourir des milliers de kilomètres entre mers et rivières. Sa migration le menant au large du Groenland et des îles Féroé, dont les pêcheries sont régulées par l’OCSAN.
Il se reproduit en eau douce, généralement sur sa frayère d’origine dans les parties amont des cours d’eau.

Un déclin mondial ?
Aujourd’hui, les stocks de saumon ont atteint des niveaux vraiment bas, voir critiques dans certains endroits. Au cours de ces 30 dernières années, les stocks ont ainsi chuté de 75% dans l’Atlantique Nord.
En Atlantique Nord, on a estimé qu’au début des années 1970, la population de saumons était de 10 millions alors qu’elle est aujourd’hui estimée à 3,6 millions.
Concernant les captures de saumons (pêches), celles-ci étaient de 12 500 tonnes dans les années 1970 et de 1 300 tonnes aujourd’hui.
Ce sont les taux de captures les plus bas connus ces dernières années.
Ce déclin est plus fortement marqué pour les saumons ayant passé plusieurs hivers en mer (PHM) et dans les zones géographiques de l’Amérique du Nord et du sud de l’Europe.

La recherche au service du saumon atlantique

Un grand nombre de facteurs contribue au déclin des populations de saumons, aussi bien en rivière qu’en mer. En rivière, les recherches menées ont permis d’améliorer les connaissances sur les facteurs de déclin : l’aménagement des rivières (barrages, seuils, …), obstacles à leur migration et les pollutions des cours d’eau qui les abritent sont des facteurs bien identifiés.
A l’inverse, en mer, où les taux de mortalité sont élevés, il existe encore peu de connaissances sur les causes de mortalité. C’est pourquoi, l’OCSAN conduit un important programme de recherche sur les facteurs influençant la vie des saumons en mer. Ces travaux ont, par exemple, montré que les changements globaux dans l’environnement marin sont source de pressions supplémentaires sur le saumon, particulièrement dans la partie sud de son territoire.
Compte-tenu de ces résultats, l’objectif doit être d’assurer qu’un nombre maximum de smolts (petits saumons) parviennent à la mer en bonne santé, en s’attaquant aux facteurs négatifs dans les eaux estuariennes et côtières et en haute-mer.
Ainsi, à Saint-Malo sera lancé un projet international à grande échelle de traçage des poissons afin d’obtenir des informations sur les chemins migratoires et pouvoir estimer les taux de mortalité pendant le long voyage du saumon à travers l’océan.
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Mieux gérer les activités humaines pour préserver le saumon

L’OCSAN a mis sur pied des accords concernant la gestion de pêcheries de saumon, la protection et la restauration des habitats, ainsi que l’aquaculture et les activités assimilées.
Chaque territoire de la convention OCSAN a déjà développé ou développe actuellement un plan quinquennal déclinant les mesures à prendre pour mettre en œuvre les accords OCSAN. Des rapports sur les avancées réalisées pendant la première année des plans seront présentés lors de la réunion.
Une vaste palette d’actions est actuellement mise en œuvre pour conserver et restaurer le saumon dans l’océan Atlantique Nord, dont notamment :
– des réductions supplémentaires de l’effort de pêche (par filets) et une extension de la politique de relâcher les poissons capturés dans des pêcheries de loisir ;
– des améliorations d’habitat, y compris des actions visant à atténuer les impacts du changement climatique, à améliorer la qualité de l’eau et à éliminer les obstacles à la migration, dont le projet à 60 million USD qui a supprimé le barrage Veazie sur la rivière Penobscot aux États-Unis ;
– des mesures visant à minimiser les impacts de l’aquaculture du saumon et à empêcher l’extension du parasite Gyrodactylus salaris.

Un sujet majeur lors de l’Assemblée sera la gestion des pêcheries de stock unique et de stock mixte (provenant des stocks d’au moins deux cours d’eau), avec une attention particulière portée aux pêcheries exploitant des stocks se trouvant sous leur limite de conservation.
L’Assemblée étudiera aussi comment les progrès dans les techniques d’identification génétique pourraient venir en aide à une gestion rationnelle des pêcheries de stock mixte.

Quelle situation en France ?

En France, le saumon atlantique est encore présent dans une cinquantaine de cours d’eau, essentiellement sur le Rhin et sur toute la façade sud atlantique (Loire, Garonne, Dordogne, Allier, Nivelle, Adour, etc.) mais les populations sont parfois peu nombreuses voire en voie d’extinction.

Ainsi, depuis 1900, le linéaire de cours d’eau fréquentés par le saumon d’Atlantique a diminué de 70 %. Sur la Loire, au 19ème siècle, il y avait environ 100 000 saumon par an; aujourd’hui, ils sont moins de 1000 sur le bassin, un chiffre en dessous du seuil minimum pour assurer le maintien des stocks.

La restauration et la préservation des habitats ainsi que l’amélioration des migrations (montaison /avalaison) rendues difficiles par les obstacles – barrages, écluses, seuils…- sur les cours d’eau sont deux actions prioritaires à mener pour sauver le saumon dans les rivières françaises.
La France s’est ainsi engagée à mettre en œuvre un plan national de continuité écologique et une politique de protection des grands migrateurs, comme le saumon. Au quotidien, l’Onema participe à la restauration et à la protection du saumon atlantique en :
Améliorant la connaissance sur les obstacles et les habitats associée à un appui technique auprès des élus, des associations environnementales ;
Menant des recherches avec un pôle d’expertise à Toulouse qui mène des travaux scientifiques sur la problématique de franchissement des ouvrages et de la continuité sédimentaire ;
Luttant contre le braconnage entre autre avec la mission de police de l’eau.

Crée en 1984, l’organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord est une organisation intergouvernementale, basée à Édimbourg en Ecosse.
L’organisation a pour objectif de contribuer à la conservation, à la restauration et à la gestion rationnelle des stocks de saumons Atlantiques sauvages. Elle regroupe l’Union européenne, le Canada, le Danemark (au nom des îles Féroé et le Groenland), les Etats-Unis, la Norvège et la Russie. La France y est présente, non seulement au titre de l’Union européenne, mais aussi en tant qu’observateur pour Saint-Pierre-et-
Miquelon.
L’Assemblée générale qui se tient cette année en France à Saint-Malo permet de faire le point sur les défis auxquels il faut faire face pour préserver le saumon Atlantique sauvage dans l’Océan Atlantique.

www.nasco.int

L’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques)
Créé par la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006, l’Onema est un établissement public sous tutelle du ministère en charge de l’écologie (MEDDE). Organisme technique de référence, il accompagne la mise en œuvre de la politique de l’eau en France en s’appuyant sur son expertise technique et scientifique, ainsi que sa connaissance des milieux aquatiques.

www.onema.fr / eaufrance.fr

 

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