Publié le 12 novembre 2019, dans Animaux marins, Ecologie, Environnement, Prévisions, Recherche/Océanographie, Ressources et pollutions
Le futur très menacé des requins-taupes bleus
Réunion décisive pour des requins-taupes bleus de l’Atlantique en danger d’extinction
Quoi : Des propositions audacieuses de restriction de la pêche internationale ont pour objectif d’enrayer le déclin de la population de requins-taupes bleus et d’empêcher le finning (prélèvement des ailerons) des requins dans l’Atlantique.
Qui : Les représentants des pays qui pêchent en haute mer dans l’Atlantique se rassemblent à l’occasion de la réunion annuelle de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA), une organisation régionale de gestion de la pêche (ORGP) regroupant 53 parties contractantes (dont l’Union européenne).
Quand & où : 18-25 novembre 2019, Palais des congrès, Palma de Majorque, Espagne.
Pourquoi est-ce important : Les requins font partie des animaux les plus vulnérables capturés dans les pêcheries de haute mer. Les requins-taupes bleus de l’Atlantique nord sont fortement surpêchés et risquent l’effondrement. La CICTA doit encore aligner son interdiction du finning sur les meilleures pratiques. Les propositions visant à résoudre ce problème, si elles sont adoptées, poseraient des précédents susceptibles d’améliorer l’avenir des requins à l’échelle mondiale.
Les requins-taupes bleus : Recherchés pour leur chair, leurs nageoires et dans le cadre de la pêche sportive, les requins-taupes bleus font partie des requins les plus menacés de l’Atlantique. Ils sont pêchés à l’échelle de bassins océaniques entiers par de nombreux pays ; il n’existe pourtant aucune limite à la capture des requins-taupes bleus sur le plan international. Cette année, les requins-taupes bleus ont été classés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) parmi les espèces en danger d’extinction et sont désormais couverts par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). Dans un nouveau rapport de la CICTA, des scientifiques démontrent que les captures de requins-taupes bleus dans l’Atlantique nord doivent être réduites au minimum pour mettre un frein à la surpêche et permettre à la population de se reconstituer sur plusieurs décennies. Ils ont recommandé une interdiction de la rétention à bord, qui a depuis été proposée par le Sénégal. Le pays hôte, l’Espagne, affiche plus de débarquements de requins-taupes bleus que n’importe quel autre pays. Les autres pays déclarant des captures importantes de requins-taupes bleus dans l’Atlantique nord incluent (par ordre d’importance) : le Maroc, le Portugal, les États-Unis, le Sénégal et le Canada.
Interdictions du finning : L’interdiction par la CICTA du gaspillage que représente le finning (soit le prélèvement des ailerons d’un requin et le rejet de sa carcasse à la mer) est difficile à appliquer, étant donné que le contrôle de son exécution passe par le calcul complexe d’un rapport de poids entre nageoires et carcasses. Le moyen le plus fiable d’empêcher le finning consiste à imposer que les requins soient débarqués avec leurs nageoires encore attachées. Cette exigence contribue également à produire des données sur les captures de requin espèce par espèce, ce qui est d’une importance cruciale pour l’évaluation des populations. Les États-Unis sont à la pointe des efforts visant à renforcer l’interdiction du finning par la CICTA en proposant la méthode de plus en plus populaire des « nageoires attachées », mais l’opposition du Japon fait obstacle à tout consensus depuis près d’une décennie. C’est aujourd’hui la dixième année que cette méthode est proposée devant la CICTA. Pour l’instant, l’Afrique du Sud, l’Albanie, le Belize, le Brésil, le Cap-Vert, le Canada, Curaçao, l’UE, la France (au nom de Saint-Pierre-et-Miquelon), le Gabon, le Ghana, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, la Norvège, le Panama, São Tomé-et-Príncipe, le Sénégal, la Sierra Leone et les territoires d’outre-mer du Royaume-Uni ont cosigné une proposition d’obligation de débarquement « nageoires attachées » lancée par les États-Unis.