Publié le 24 octobre 2013, dans Actualité culturelle et festive, Reportages
Le trimaran Paul Ricard, un défi … un livre aujourd’hui qui raconte
Le trimaran Paul Ricard, est un engin incroyable et hors-norme, qui a été conçu par une équipe d’ingénieurs issus de l’aéronautique sous la houlette d’Alain de Bergh.
Mais ce projet, est aussi le fruit de la rencontre du marin Éric Tabarly et du mécène Paul Ricard.
Dans cet ouvrage qui parait aux éditions La Découvrance, les auteurs Eric Bourhis et Vincent Péron ont réuni de nombreux témoignages de marins d’exception, ainsi que de concepteurs qui font revivre la construction, la navigation, les courses, les joies, les difficultés et les galères que rencontrèrent ses réalisateurs.
S’il ne figura pas en bonne place sur les podiums en raison de constantes améliorations et de trop rares essais, le trimaran Paul Ricard accomplit un exploit en 1980 :
battre le record mythique de la traversée de l’Atlantique détenu depuis 1905 par la goélette Atlantic de Charlie Barr.
Dans l’évolution de la course moderne au large, le foiler trimaran Paul Ricard est le seul à occuper une place à part.
Tout est à découvrir autour de ce trimaran qui est aujourd’hui rentré dans la légende.
Pour préfacer cet ouvrage la petite fille de Paul Ricard se souvient :
Mon grand-père, Paul Ricard, entrepreneur et créateur, était un navigateur et dessinait des bateaux…
C’est après avoir regardé le journal de France 3 et entendu parler Éric Tabarly qui ne trouvait pas de sponsor français pour construire son trimaran à hydrofoils que mon grand-père a décidé de l’aider. Un ambitieux défi était lancé : construire le trimaran totalement innovant dessiné pour Éric Tabarly, et à temps pour le départ de la Transat en double.
Le Paul Ricard est une véritable réussite. Il devient d’ailleurs le premier de notre époque à figurer parmi les bateaux des XVIIe et XVIIIe siècles au musée national de la Marine à Paris.
Mon grand-père se plaisait à répéter : Je n’ai jamais lésiné, ni dans mes rêves ni dans ma vie. Il était avant-gardiste, visionnaire, généreux, humain. Il savait comprendre son temps, les hommes, et défendre de grandes causes. Il n’avait pas de barrières à la réalisation de ses rêves.
L’une de ses plus belles aventures est l’amour, le respect et la passion qu’il avait pour la mer. C’était un amoureux de la mer, celle qui l’a guéri quand il était enfant.
Cette aventure qu’il a entreprise avec Éric Tabarly était légitime, évidente, grande, et lui ressemblait tant. J’ai été baignée par mille et une histoires qui m’ont toujours émerveillée, fascinée et impressionnée.
Révolté par l’affaire des boues rouges qui allaient polluer la mer Méditerranée dans les années soixante, il crée en 1966 avec Alain Bombard l’Observatoire de la Mer pour connaître, protéger et défendre la mer.
C’est un autre bel exemple de l’engagement sincère de mon grand-père pour les causes qui comptent. Il était vrai, changeait les choses.
Aujourd’hui, l’observatoire existe toujours, mais s’appelle l’Institut océanographique Paul Ricard. Ma cousine Patricia le dirige et l’anime avec passion et dévouement.
Ma vie est, comme pour la majorité de ma famille, étroitement liée à l’entreprise et aux valeurs que m’on transmises mon père et mon grand-père. Ce qu’a entrepris mon grand-père, il nous l’a transmis, et nous nous efforçons de transmettre à notre tour. Je partage les mêmes valeurs. J’admire leur esprit entrepreneurial, leurs valeurs humaines, leur ambition novatrice et leurs rapports aux hommes, la vraie histoire qu’ils ont commencé à écrire.
Quand je parle de mon grand-père et la mer, il m’est impossible de ne pas évoquer le Garlaban, ce mythique trois-mâts qu’il a dessiné et sur lequel il naviguait sur toutes les mers. Ce voilier est indissociable de Paul Ricard et fait partie des symboles de la famille. Je suis toujours émue quand je le vois. Il est toujours dans le port des Embiez.
J’étais trop jeune pour me souvenir de mon grand-père à la barre de son bateau. Je ne me souviens pas non plus des croisières que j’aie passé dessus enfant. Mais j’aime qu’on me les raconte, et les photos de ces moments à bord semblent être de vrais souvenirs.
Je me souviens en revanche de la fierté éprouvée quand il m’a demandé d’être la marraine d’un de ses bateaux. J’avais dix ans
Je me souviens aussi des longs moments que je passais chez lui dans son atelier de maquettes de bateaux. Une pièce secrète, à l’abri, tout en haut de sa maison, cachée, où je jouais des heures au milieu de plein de petits objets en bois avec une odeur bien particulière de bois poli et scié.
Aujourd’hui, il repose au milieu de la nature en haut de son île au large du Brusc avec mon père. Ils ont une vue imprenable et somptueuse sur le ciel et la mer, sans aucune limite, à leur image.
Lorraine Ricard
Les auteurs
Éric Bourhis, Concarnois, est dès son plus jeune âge, passionné par la mer au-dessus comme au-dessous. Il a été plaisancier, coureur au large, moniteur de plongée, préparateur de voiliers, patron de pêche et cou- reur de course offshore.
Vincent Péron pratique la voile depuis l’enfance, équipier préparateur dans les années 80, journaliste à la revue Régates internationales six années, est devenu consultant en Ressources humaines.
Les autres articles du reportage
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