Publié le 10 avril 2015, dans A la Une, Actualités, Aventure
Nuit mouvementée, forte en émotions pour Yvan Bourgnon sur son tour du monde en cata de sport
Alors que le vent joue l’Arlésienne lui mettant déjà les nerfs à rude épreuve, il remarque des feux de navires sur son tribord un peu à l’écart. Puis il s’aperçoit qu’il y en a aussi à bâbord. Intrigué, il les surveille. Voyant qu’ils se rapprochent doucement, il nous alerte à terre via son téléphone satellite et nous mettons alors en place les procédures définies dans un tel cas. L’une d’elle est basée sur un mot codé, simplement envoyé par SMS pré-enregistré dans son téléphone.
Quelques temps après, nous recevons plusieurs messages faisant encore état du rapprochement de ces navires. A 19h30 (heure de Paris) nous recevons une série de SMS très courts, d’un ou deux mots, donnant des indications sur ces bateaux et leurs occupants. Ils sont tout près car il les entends crier, ils sont environ une dizaine de personnes par bateau, chacun mesurant dans les 12 mètres, ils lui braquent dessus des projecteurs et ce ne sont visiblement pas des pêcheurs. Voici en substance ce que je comprends via ses messages.
Mais toujours pas le mot clef qui valide une vraie attaque.
On décide de prendre les devants et d’appeler les militaires de la force Atalanta pour voir quels sont leurs moyens sur zone. Le temps de faire le point avec eux, de signaler sa position, Yvan nous appelle et nous raconte: l’un des deux bateaux a foncé sur lui, tous projecteurs allumés, à une vitesse autour de 20 nœuds (ce qui est conséquent sur l’eau!). Habillé d’un ciré blanc de la même couleur que son bateau, il s’est recroquevillé sur l’un de ses bancs et s’est caché là, dans l’ombre du puissant projecteur braqué sur son navire. C’est de là qu’il nous a envoyé la rafale de SMS, prêt à envoyer celui avec le mot clef. Une grosse altercation se serait déroulée entre les membres de cet équipage, en Arabe et Yvan n’en a saisi aucun mot, ni même le sens.
Puis après ce qui lui est apparu comme une éternité, ils sont repartis aussi rapidement qu’ils sont venus sur lui. S’étant caché au plus vite, il n’a vu aucune arme, mais à ces propres mots « c’était plus des guerriers, certainement pas des pêcheurs ». Comme l’atteste d’ailleurs le type d’embarcation utilisé et la puissance de ses moteurs.
C’est avec une grosse suée et le cœur battant qu’il est sorti de sa cachette pour nous rappeler, une fois le calme et la nuit revenus.
Après une surveillance renforcée pour le reste de la nuit, ce matin, l’heure est au bilan. Les procédures pré-établies ont fonctionné même si des ajustements ont été nécessaires. J’en profite pour remercier l’équipe de Sierra-Echo (http://www.sierraecho.fr) son partenaire qui gère les différentes balises de suivis et de sécurité d’Yvan pour leur réactivité et leur professionnalisme. Ce sont des pro du tracking, des équipements de recherche et de sauvetage et dans un tel Défi, c’est d’un grand secours.
Merci également aux militaires de la force Atalanta pour leur réactivité et les moyens qu’ils s’apprêtaient à mettre en œuvre. Un hélico était prêt à décoller et il aurait été sur place en peu de temps.
Yvan se félicite également d’avoir fait l’impasse sur le bateau suiveur dans ce deuxième départ. L’expérience accumulée durant la première partie du tour du monde lui a montré que c’était une responsabilité supplémentaire que d’entrainer un équipage de cinq personnes dans son sillage. Dans le cas présent, nul ne sait ce qu’il serait advenu de ce bateau accompagnateur et le danger encouru par son équipage aurait été un fardeau sur la conscience d’Yvan. Prendre des risques, c’est son choix d’aventurier, de marin ; les faire prendre à d’autres, c’est tout autre chose.
Concernant cet « incident », rien n’indique qu’il s’agissait véritablement de pirates. Nombre de contrebandiers sévissent également dans cette zone et tant que rien ne vient entraver leur trafic, ils ne sont pas forcement dangereux. D’autres options possibles sont également avancées par les militaires habitués de la zone…
En deux mots , Yvan après avoir perdu son bateau a pu se faire reconstruire une deuxième Louloute – I
l continue sont du monde semé de péripéties de différentes envergures.*La dernière fait froid au dos, et le marin a su trouver une intelligente parade.
Un admirable Yvan Bourgnon
Son aventure est à suivre sur le site dédié
http://www.ledefidyvanbourgnon.com.