Publié le 9 février 2011, dans Actualités, Exposition
Paquebot France, l’Exposition, un pan d’histoire au Musée national de la Marine à Paris
A écouter :
Jean-Noël Gard Directeur du Musée national de la Marine à Paris –Agnes Mirambet-Paris, Commissaire de : Paquebot France l’Exposition
En ce soir du 8 février, le paquebot France accoste le long des docks de New-York.
Pour les passagers de cette première transatlantique la traversée aura été agréable et luxueuse à bord de ce paquebot qui a quitté le Havre 5 jours plus tôt.
Ils sont industriels, dirigeants de sociétés, ingénieurs, artistes,médecins, directeurs de banques, roturiers, ils réalisent un rêve réservé aux plus fortunés, ils ne souffriront pas du mal de mer grâce aux stabilisateurs, toute nouvelle technologie adaptée au paquebot.
Dans leurs confortables cabines une température idéale, toutes sont climatisées, et pour la première classe insonorisées.
Les repas fastueux, la meilleur table de France disait-on, préparés et servis par 170 personnes, dont 90 en cuisine.
Selon leur fortune les passagers ont choisi leur pont, en première classe la superficie d’une suite confirme l’aisance de ses 200 M2, mais celle des classes touristes plus petites sont très bien agencées.
Le prix d’une traversée à l’aller en classe touriste ? environ 1200 et 1500 Francs.
D’un même confort, seuls la décoration et le luxe ( et le prix) affichaient la différence.
Pour diminuer l’impact d’un incendie, qui reste un des plus grands dangers à bord d’un paquebot, le France sera, de la coque au mobilier, un concentré d’aluminium.
Lesquels panneaux d’aluminium seront, pour la décoration, recouverts d’une sorte de mille-feuilles de laque du plus bel effet. Une technique adaptée par Bernard Dunan.
Le modernisme va s’afficher à travers l’imagination de nombreux artistes décorateurs qui vont emprunter les couleurs vert anis, jaune, bleu, orange. Le mobilier à la pointe de la tendance des années 60, sera simple et confortable fauteuils moelleux revêtus de tissu vinylique.
Pour la première classe, la commode -coiffeuse réalisée par Lancel, toujours dans le matériau in-inflammable, se différencie de celle de la classe inférieure par une plus jolie façade amovible en aluminium laqué..
La vitesse ne faisait alors pas partie des critères essentiels, la gastronomie et la qualité du service étaient la signature certifiée d’un merveilleux voyage à bord du France.
Ambassadeur de l’industrie française.
42000 croquis de préfabrication ont été nécessaires pour la construction de cet élégant et majestueux navire construit dans les chantiers de l’Atlantique à St Nazaire.
Le 7 octobre 1957, pose de la première tôle de ce paquebot qui sera assemblé par rivetage comme l’a été la Tour Eiffel.
Toutes les régions des quatre coins de la France auront participé à l’élaboration et à production des pièces ou éléments de décor.
L’état a subventionné la construction du France, à la seule condition que tout ce qui était réalisable en France le soit, hormis quelques produits qui ont été importés, tel le petit électro-ménager qui venait d’Angleterre ou encore les baignoires ou robinetteries d’Italie.
Le 11 mai 1960 le paquebot France est lancé et mis en service en 1962.
Yvonne de Gaulle la marraine aura le plaisir de faire exploser la traditionnelle bouteille de champagne.
Dans les années 70 la voie des airs est ouverte. De sérieux concurrents, le boeing 707 et les avions de ligne d’Air France arrivent sur le marché, l’économie quand à elle est en pleine régression, « les 30 glorieuses » sont sur leurs déclins.
50 ans plus tard Le France reste un trop beau jouet, grand consommateur d’énergie (900 tonnes de fioul par jour) il est victime de la flambée des cours du pétrole, et d’une clientèle qui veut aller plus vite; autant de raisons qui signent la sortie de ligne du paquebot.
France se meurt.
Les débats seront passionnés à son chevet, les décisions houleuses et douloureuses.
Notre plus beau fleuron va piquer du nez. Il survivra quelque temps ré-armé par une compagnie norvégienne.
A son doux nom de France, succèdera celui viking de Norway .
Intérieurs transformés, cabines réduites, redécorées, salons réaménagés, mais toujours reconnaissable par son étrave qui bravera encore les flots quelques années durant jusqu’à l’heure d’une nouvelle séparation.
Trop couteux ! dépassé ! Cap sur la casse, les chantiers indiens finiront pas l’exécuter .
Que reste-t-il de nos amours ?
D’un tas de découpes et de cendre des souvenirs inanimés, mais sauvés et qui ont gardé leur âme.
Pièces, images, tapis, objets, ils sont agréablement et intelligemment ordonnés par ceux qui l’ont aimé et compris.
Ils font partie de cette riche et nostalgique exposition proposée par le Musée national de la Marine …
Suivez les grandes lettres du F R A N C E , elles vous mèneront tout droit vers ce qui nous reste de cette fiancée déchue et qui avait « épousé la Mer » comme l’avait prédit le président de la nation française, et qui cependant aura promu à travers le monde la « French touch »
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Vitrine précieuse : La maquette remise par les chantiers de St Nazaire au Président de la République française Charles De Gaulle.
Elle a été confiée au Musée par Philippe de Gaulle.
Pour découvrir toute la riche histoire du Paquebot France , et tout savoir sur cette exposition qui ouvre ses portes du 9 février au 23 octobre 2011 www.musee-marine.fr