Publié le 3 novembre 2016, dans Actualités, Course et glisse, Vendée Globe 2016
Précieusement choisis, les choses de la vie à bord de La Mie Câline
Il est loin le temps où les tour-du-mondistes bardaient leur 60 pieds d’effets personnels pour se rappeler le confort domestique. Focalisé sur son objectif, le skipper de La Mie Câline part le plus léger possible, mais sans faire d’impasse.
« Le poids à bord, c’est l’ennemi de la performance mais surtout, il faut se le coltiner à chaque manœuvre. En 2012, j’avais un traineau (un système de transfert automatique par palans NDLR), mais cette année, ce sera tout à la main ! » Avec deux Vendée Globe à son actif, le skipper de La Mie Câline a l’avantage de bien connaître ses besoins et force est de reconnaître qu’il n’en a pas beaucoup !
Un simple pouf en microbilles pour dormir, pas de casque anti-bruit… Quelques photos scotchées à l’intérieur, un peu de musique tous les soirs sur l’ordinateur pour accompagner l’arrivée de la nuit, un doudou de son fils Léo né le 7 octobre dernier pour se rappeler l’odeur… et des livres aussi.
« Le Vendée Globe, finalement, c’est le seul moment où j’ai le temps de lire ! Personnellement, je ne prends pas de bouquins, mais on me les offre. Alors, je picore à chaque fois dans quelques romans ; c’est sympa parce que c’est lié aux amis qui les ont posé à bord ».
Pour le reste, les caisses de matossage ne laissent aucune place au superflu. Julia, la femme d’Arnaud, s’est chargée de la partie avitaillement, répartie en 8 sacs de douze journées. Confectionnés dans une épaisse toile PVC, ils sont déplacés au gré des manœuvres et des allures d’un bord à l’autre, à l’avant ou à l’arrière, là où le poids est utile. Il y aura bien ça et là quelques surprises glissées par des mains complices, mais tout est savamment répertorié sur un tableau Excel.
On peut déjà vous dire que le lundi 12 décembre, au 37ème jour de course en plein océan Indien, ce sera muesli chocolat le matin, risotto poulet champignon le midi et bœuf façon goulash le soir !
Dans la colonne collation, on trouve une compote et pour la nuit, une soupe sans oublier quelques barres énergétiques. « Toute la nourriture est lyophilisée, ça ne me dérange pas. Ça donne juste un peu soif ! »
L’eau est fournie par le dessalinisateur, qui produit 6 litres par heure, et tourne en moyenne une fois par jour ou tous les deux jours selon le climat.
Avec le petit réchaud qui tient lieu de cuisine, voilà donc les éléments clés du confort à bord: 15 mini-cartouches de gaz sont stockées à bord, sans oublier un brûleur de rechange…
Sur le plan technique, la logique est la même. Le matériel de rechange, « spare » dans le vocable franglais des préparateurs, a été trié et organisé de façon rigoureuse.
« Cette année, on a tout pesé et cherché à rester sous la limite de dix kilos pour chaque caisse thématique. C’est plus simple ensuite à déplacer et moins dangereux quand les conditions sont dures », explique Pierre Simon.
A bord de La Mie Câline, on trouve ainsi deux caisses d’accastillage, un kit safran, une trousse voilerie, une caisse composite, une caisse à outils avec visseuse meuleuse sur batteries (pour pouvoir couper le carbone), sans oublier les bidons de survie imposés par le règlement. « Avant chaque départ, les fournisseurs et les équipes installent plein de matériel à bord. Après, il faut trier, explique Arnaud. C’est une question d’expérience mais parfois c’est idiot, tu as juste besoin du petit truc que tu n’as pas. En 2008, j’ai eu une fuite de gaz-oil au départ, alors qu’on « dégolfait » dans 50 nœuds de vent. J’ai facilement réparé, mais le seul truc qui m’a manqué, c’était du produit dégraissant… J’ai passé 80 jours à me casser la figure dans la soute à voile où sont fixés les réservoirs ! »
« S’attendre à l’inattendu », comme dit la maxime d’Alex Thomson (Hugo Boss), tel est bien le Vendée Globe. Départ dimanche prochain.