Publié le 11 mars 2012, dans A la Une, Actualités, Course et glisse
Thomas Coville barreur et chef de quart sur Groupama 4, dans l’exploit des français à Auckland
« Gagner ici, chez les Néo-Zélandais dont nous respectons tout ce qu’ils font en voile sur la planète, c’est comme de battre le Real Madrid chez lui » confiait Thomas Coville hier samedi 10 mars à l’arrivée à Auckland.
Une communication de www.sodebo-voile.com
De toute l’histoire des courses autour du monde jusqu’à la victoire de Groupama 4 hier, jamais un voilier français n’avait coupé la ligne d’arrivée en tête à Auckland en Nouvelle Zélande qui est considérée comme la capitale mondiale de la course au large. C’est aussi la première fois que dans cette épreuve d’excellence qui réunit les meilleurs équipages et marins de la planète, le bateau vainqueur arrive 12 heures devant le second.
L’exploit de Groupama 4 est le résultat d’une maitrise et d’une stratégie exemplaires.
Thomas Coville était à bord, barreur et chef de quart pour cette victoire magistrale. Épuisé, amaigri mais galvanisé par cette entrée de nuit en vainqueur dans Auckland, il revient sur cette étape gagnée ‘au bon moment et au bon endroit’.
La victoire :
“Elle nous et me fait du bien, pour ce projet mais aussi pour construire la suite avec Sodebo. Cette victoire arrive au bon moment et au bon endroit. Gagner ici, chez les Néo-Zélandais dont nous respectons tout ce qu’ils font en voile sur la planète, c’est comme de battre le Real Madrid chez lui.
Quand tu es compétiteur, la victoire te permet d’éclairer tous les efforts et les difficultés qui se nourrissent de la réussite. Tu ne peux pas donner indéfiniment sans recevoir. Gagner te conforte dans tes choix.
Nous savions que nous pouvions gagner. Nous l’avions déjà fait sur le parcours côtier à Abu Dhabi ce qui nous avait déjà un peu éclairci les idées. A Auckland, nous avons senti en arrivant que nous concrétisions un vrai travail de groupe avec une satisfaction partagée par toute l’équipe et pas seulement les marins.”
La leçon :
“La construction tactique et stratégique de l’étape réalisée par Franck Cammas et Jean-Luc Nélias, un aspect qui n’avait pas toujours été notre fort jusqu’à présent. Nous avons juste mis en musique la partition qu’ils ont écrite tous les deux, ce qui nous conforte aussi sur ce que nous faisons et savons faire sur le pont.”
La dernière journée :
« Revoir la terre et découvrir une côte, c’est toujours quelque chose. Nous avons longé le rivage de très près et apprécié la côte avec ses détails, ses couleurs et des lumières fabuleuses. Les trois dernières nuits, je n’avais presque pas dormi et je pensais me refaire avant l’arrivée mais nous avons eu une entrée d’eau à l’étrave à gérer. Une avarie qui nous a rappelé que tant que la ligne n’est pas franchie, ce n’est jamais gagné.”
Le tour de force :
“Je suis presque inquiet sur la manière dont je vais doser cette épreuve sur la durée. Je ne sais pas aujourd’hui si je serai capable de maintenir l’intensité physique et psychologique que j’y mets au quotidien jusqu’à l’arrivée à Galway.
La Volvo est un laminoir. Une épreuve qui révèle le meilleur et le pire de chacun, qui broie les hommes, casse du matériel et détruit tout sur son passage. Tu pousses de l’eau et tu luttes contre la mer, les bateaux sont faits pour cela mais c’est souvent chaud au niveau sécurité. On se demande en permanence ce qui va lâcher en premier et je passe mon quart à compter mes gars sur le pont, à m’assurer qu’ils ne soient pas chassés par les déferlantes qui balaient le pont. Au niveau sanitaire, on vit comme des rats, les uns sur les autres, dans des conditions d’hygiène qui sont forcément limites, un contexte qui pousse chacun dans ses retranchements, met à nu les personnalités et rend les rapports humains complexes et passionnants.”
Photo du blog de Thomas Coville :http://www.leblogdetom.com/